• LEMONDE | 21.09.10 |
       
    Demandé en avril par la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, le débat entre climatologues et climato-sceptiques s'est tenu, lundi 20 septembre, à l'Académie des sciences.
    L'institution du quai Conti, qui organisait la réunion, a voulu une rencontre à huis clos, à laquelle participaient une centaine d'académiciens - la grande majorité sans connaissances particulières des sciences du climat - et une vingtaine de chercheurs spécialistes de ces sujets. Toutes les contributions au débat ont été adressées par écrit à l'Académie, fin août, mais n'ont pas été rendues publiques.
    La rencontre devait, comme le précisait la saisine de Mme Pécresse, "permettre la confrontation sereine des points de vue et des méthodes et établir l'état actuel des connaissances scientifiques sur le changement climatique". La demande de la ministre faisait suite à la protestation écrite de quelque 600 scientifiques, qui s'estimaient dénigrés par les prises de paroles publiques des géologues Claude Allègre et Vincent Courtillot, par ailleurs académiciens.
    "La journée a été structurée en quatre sessions successives. Chaque session, pilotée par des rapporteurs, a débuté par la présentation d'un état des lieux, détaille l'Académie dans un bref communiqué, rendu public lundi soir. Cette présentation, suivie systématiquement d'exposés et d'une discussion générale, a permis de distinguer les faits scientifiquement acquis et les incertitudes, ainsi que des questions non résolues, dans l'objectif de dégager des orientations de recherche prioritaires."
    C'est peu dire que la réunion a suscité des commentaires contrastés. Un des climatologues ayant pris part au débat qui, comme tous les chercheurs interrogés, a requis l'anonymat, qualifie la journée de "studieuse et scientifique". "Il y a bien sûr des choses qui m'ont fait bouillir tout au long de la journée, mais c'est un passage obligé, dit ce chercheur. La plupart des gens qui se trompent le font de bonne foi, et c'est notre devoir de ne pas déserter les lieux où nous pouvons leur répondre et expliquer les méthodes de nos sciences. Je pense que cela a été malgré tout une journée utile."

    "Exposés de sept minutes"

    D'autres scientifiques présents, beaucoup plus sévères, n'hésitent pas à parler de "piège" tendu aux climatologues, ou encore d'une "entreprise malveillante " à leur endroit, organisée pour faire la part belle aux sceptiques. "C'était un traquenard très bien ficelé, avec des exposés de seulement sept minutes, au cours desquels les climatologues devaient aborder des aspects très complexes, dit un des participants. Alors qu'il nous aurait fallu au moins une heure d'intervention à chaque fois pour déminer les contrevérités qui étaient assénées de part et d'autre... Le temps de parole a, de plus, été inégalement réparti. Ce qui s'est passé n'est rien d'autre qu'une opération de déstabilisation d'un pan entier de la recherche française."
    Un autre participant pointe le faible niveau des contributions et des discussions, et critique le fait que les contributions au débat aient été ouvertes à des non-spécialistes du sujet, académiciens ou non. "Je pense savoir pourquoi il a été décidé de maintenir confidentielles les contributions écrites des académiciens, ironise-t-il. Les rendre publiques serait dévastateur pour l'image de l'Académie."
    "Je pense que nous avons pu dissiper quelques idées reçues, même si le débat était bien plus orienté sur les incertitudes que sur ce que l'on sait ou ce que l'on peut prévoir pour le siècle en cours", ajoute le même scientifique, qui se dit "très mitigé" sur la rencontre.
    Selon plusieurs témoins, le président de l'Académie des sciences, Jean Salençon, a fermement rappelé, en clôture de la rencontre, que l'institution ne devait pas contribuer à propager "un doute préfabriqué". Une synthèse des échanges devrait être publiée vers la fin octobre.
    Stéphane Foucart


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  • Journal de l'environnement 21 septembre 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg

    L’article 2 des statuts de l’Académie des sciences française est clair : la veille dame du quai Conti doit encourager « la diffusion de la science dans le public ». Lundi 20 septembre, l’institution présidée par Jean Salençon n’a pas respecté ce commandement. Puisque son très attendu « débat scientifique sur le climat » s’est tenu… à huis clos. Citoyens, scientifiques, journalistes et passionnés d’un des plus complexes sujets scientifique du moment en sont pour leurs frais.
    Ce débat avait pourtant valeur de symbole. Après les très violentes accusations portées à l’encontre des climatologues, ces derniers mois, par le géochimiste à la retraite Claude Allègre, et par le directeur de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP) Vincent Courtillot, une pétition a été signée. En avril dernier, 600 spécialistes français ont réclamé le soutien des pouvoirs publics après les charges des deux négationnistes climatiques. Gênée aux entournures (difficile pour une personnalité politique de prendre position dans un tel « débat »), Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, avait pourtant mandaté l’Académie pour organiser « une confrontation sereine sur l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique ».
    La nouvelle séduit les climatologues. « Nous avons appelé cette confrontation de nos vœux et nous nous réjouissions qu’elle ait lieu », nous confirme le climatologue Jean Jouzel. Pour autant, l’Académie des sciences a joué un drôle de jeu. Ne serait-ce qu’en opposant à des climatologues de renom des scientifiques non versés dans la climatologie, auteurs d’articles totalement réfutés par la science. Imaginerions-nous un herpétologue exiger un débat scientifique sous prétexte qu’il nie l’existence des trous noirs ? Evidemment, non. C’est pourtant ce qui s’est produit, hier, dans la salle des séances de l’Académie.
    En vogue chez de nombreux géologues, la théorie selon laquelle le changement climatique actuel est imputable à un changement d’irradiance solaire a été totalement battue en brèche par les physiciens de l’atmosphère. Ne serait-ce que parce que les couches de la haute atmosphère se refroidissent, alors que les couches de moyenne et de basse altitude se réchauffent. Or, une augmentation de l’énergie émise par le soleil réchaufferait toutes les couches de l’atmosphère.
    Pour faire bonne mesure, les climato-sceptiques avaient fait inviter Richard Lintzen. Climatologue du Massachussets Institute of Technology (et ancien auteur du troisième rapport d’évaluation du Giec), il est l’un des rares spécialistes du sujet à pourfendre les conclusions du Giec. Comme il réfute aussi tout lien entre la cigarette et le cancer du fumeur. Hier, indique Sylvestre Huet dans Libération, le septuagénaire avait choisi de démontrer que tous les systèmes de modélisation du climat étaient faux. Un argumentaire démonté, pièce par pièce par Sandrine Bony du CNRS (qui travailla aussi au MIT) à coup d’études publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture.
    En mars 2007, lors d’une première explication entre climatologues et sceptiques organisée par l’Académie des sciences, le summum avait été atteint par un duel opposant Vincent Courtillot à Edouard Bard, professeur titulaire de la chaire Évolution du climat et de l'océan au Collège de France. Trois ans plus tard, on a pris les mêmes et on a recommencé. Comme à son habitude, le patron de l’IPGP a attribué aux variations de l’activité solaire l’essentiel des changements climatiques observés depuis une trentaine d’années. Sans effort, Edouard Bard a démontré que Vincent Courtillot et son collègue Jean-Louis Le Mouël ignoraient tout « des bases de la mathématique statistique et de son application aux données climatiques. »
    Au final, que penser d’un tel débat ? Rien. On peut toutefois s’inquiéter, comme Jean Jouzel, de l’évolution de l’attitude de l’Académie des sciences face à la problématique climatique.
    En juin 2005, les académies des sciences des pays du G8 (dont la française) signaient une lettre à l’attention des chefs d’Etat dans laquelle était rappelé que « le changement climatique est une réalité ». Les académiciens demandaient aussi aux politiques d’entreprendre rapidement des actions pour réduire les causes du changement climatique et d’intégrer cette question dans toutes les politiques nationales et internationales.
    Cinq années plus tard, dans son communiqué, l’Académie parisienne renvoie dos à dos sceptiques et climatologues. Une véritable gifle donnée à la communauté des scientifiques qui œuvrent à une meilleure compréhension des changements climatiques, de leurs causes et de leurs impacts.


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  • LEMONDE.FR avec AFP | 20.09.10 |
       
    Un Forum sur l'énergie et le climat doit se tenir lundi et mardi à New York, près d'un an après l'échec de Copenhague. Les émissaires de dix-sept pays contribuant ensemble à 80 % des émissions de CO2 dans le monde doivent tenter de trouver des moyens de débloquer les négociations sur le climat. Ce forum se tiendra au niveau des émissaires gouvernementaux, tels que le représentant américain pour le climat, Todd Stern, selon le département d'Etat américain. "Je ne pense pas que quiconque s'attende à une annonce spectaculaire", a observé Michael Levi, qui suit le dossier sur le climat au Council on Foreign Relations, un institut privé de recherches de New York. "Il s'agit d'une rencontre de travail entre un grand nombre d'acteurs importants sur ce sujet se trouvant au même endroit, en même temps", à l'occasion de la session annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU, qui s'ouvre jeudi.
    L'expert souligne que ce forum "est fondamentalement différent de celui qui avait eu lieu l'an dernier à la même date" à New York, deux mois avant la conférence de l'ONU sur le climat à Copenhague, quand il y avait encore l'espoir d'une avancée sur ce dossier. "Je pense que les émissaires des dix-sept principaux pays pollueurs (...) ne vont pas se concentrer sur la manière de régler leurs différends, mais davantage sur la façon de mieux définir le débat" après l'échec de Copenhague, a poursuivi Michael Levi. "Mais personne ne va obtenir de gros accords à cette réunion." Quant à la prochaine conférence sur le climat de l'ONU à Cancun (Mexique), fin novembre, "j'ai beaucoup de mal à voir" pour le moment ce qui pourrait s'y passer, a admis l'expert.


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  • Journal de l'environnement 16 septembre

    La contamination des idées des climato-sceptiques ne prend pas sur les administrations des Etats fédérés américains. Du moins pour ce qui concerne leur préparation à l’entrée en application des futures règles de l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA, selon l’acronyme américain) concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES).
    Autorisée à considérer les GES comme des polluants de l’atmosphère, l’EPA entend réguler leurs rejets grâce au Clean Air Act. Dès le 2 janvier prochain, les grandes installations de combustion devront recevoir des permis d’émission de GES. Ce qui implique que les autorités locales soient prêtes à les délivrer.
    Réalisée par l’association américaine des agences de surveillance de l’air (Nacaa, selon l’acronyme américain), une étude fait le point sur l’état d’avancement des Etats fédérés. Et les nouvelles sont plutôt bonnes. Selon ce recensement, près de 80 % des Etats s’estiment prêts. Les retardataires devront adapter leur législation locale pour se mettre au diapason fédéral. La Virginie devrait y parvenir avant janvier. Ce qui ne devrait pas être le cas pour l’Alaska, l’Arkansas, la Californie, le Connecticut, la Floride, l’Idaho, le Kansas, le Kentucky, le Nebraska, le Nevada, l’Oregon et le Wyoming.
    Pour éviter tout retard, l’EPA prépare un texte l’autorisant à allouer les permis d’émission aux industriels des Etats déficients. Restent les cas difficiles de l’Arizona et du Texas dont les dirigeants refusent, pour l’instant, de réguler les émissions de GES. Il est vrai que, respectivement, les électriciens de ces deux Etats produisent 45 % et 66 % de leur électricité avec du charbon.


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  • MONTRÉAL, le 12 sept. /CNW Telbec/ - Alors que débute aujourd'hui le Congrès mondial de l'énergie à Montréal, environ quatre-vingt militants de Greenpeace ont mis en scène un "Beach Party Marée noire", dont une vingtaine en maillots de bain englués de "pétrole", pour dénoncer les dangers de la dépendance aux énergies fossiles.
    Sur la place Riopelle, devant le Palais des Congrès de Montréal où se réunit toute l'industrie énergétique mondiale du 12 au 16 septembre, les activistes ont tenu à rappeler aux participants du Congrès et à Jean Charest, premier ministre du Québec, la tragédie de la marée noire dans le golfe du Mexique. En arrière des baigneurs, d'autres militants animaient de grandes vagues noires porteuses des messages : "Charest : pétrole, gaz, MORATOIRE" et "Harper: Stop the Tar Sands (Harper : Arrêt aux sables bitumineux). Enfin, deux grandes bannières ont été déroulées sur lesquelles on pouvait lire : "Les énergies propres ne laissent pas de traces" et "Too Dirty, Too Risky: Go Beyond Oil" (Trop sale, trop risqué : Allez au-delà du pétrole).
    "Le gouvernement Charest doit décréter immédiatement un moratoire sur l'exploration et l'exploitation pétrolière et gazière au Québec", a affirmé Virginie Lambert Ferry, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace. "Le Québec ne peut pas se permettre d'accentuer sa dépendance aux énergies fossiles".
    Par cette action, Greenpeace dénonce les incohérences de la politique énergétique du gouvernement Charest. Rappelons que le premier ministre, à la veille de Copenhague, se présentait alors comme "leader" dans la lutte aux changements climatiques. Huit mois plus tard, celui-ci déroule le tapis rouge aux entreprises pour l'exploration et l'exploitation de pétrole et de gaz de schiste au Québec, des énergies polluantes qui accélèrent les changements climatiques et contaminent l'environnement. Rappelons que le Québec ne respectera pas ses engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto.
    "Les énergies sales font des ravages partout à travers le monde, de la marée noire de BP dans le golfe du Mexique, à l'exploration irresponsable de forages en haute mer dans des écosystèmes les plus fragiles comme l'Arctique et peut-être au Québec dans l'estuaire du St-Laurent", a ajouté Julien Vincent, spécialiste en énergies de Greenpeace International qui accordera une conférence le 15 septembre prochain au Congrès mondial de l'énergie sur l'importance de la société civile dans les questions énergétiques. "Le monde a besoin d'une révolution énergétique fondée sur les énergies propres et d'aller au-delà du pétrole, pas de s'engluer dans les énergies du passé".
    Cette action s'inscrit dans le cadre du grand rassemblement citoyen organisé par Greenpeace et appuyé par 27 organisations environnementales et citoyennes dont l'AQLPA, MCN21, Fondation Rivières, l'Union paysanne, Environnement Jeunesse, le conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, le syndicat des travailleurs de la raffinerie Shell, le Mouvement Sortons le Québec du nucléaire et le Regroupement citoyen "Mobilisation gaz de schiste".


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