• MONTRÉAL, le 12 sept. /CNW Telbec/ - Alors que débute aujourd'hui le Congrès mondial de l'énergie à Montréal, environ quatre-vingt militants de Greenpeace ont mis en scène un "Beach Party Marée noire", dont une vingtaine en maillots de bain englués de "pétrole", pour dénoncer les dangers de la dépendance aux énergies fossiles.
    Sur la place Riopelle, devant le Palais des Congrès de Montréal où se réunit toute l'industrie énergétique mondiale du 12 au 16 septembre, les activistes ont tenu à rappeler aux participants du Congrès et à Jean Charest, premier ministre du Québec, la tragédie de la marée noire dans le golfe du Mexique. En arrière des baigneurs, d'autres militants animaient de grandes vagues noires porteuses des messages : "Charest : pétrole, gaz, MORATOIRE" et "Harper: Stop the Tar Sands (Harper : Arrêt aux sables bitumineux). Enfin, deux grandes bannières ont été déroulées sur lesquelles on pouvait lire : "Les énergies propres ne laissent pas de traces" et "Too Dirty, Too Risky: Go Beyond Oil" (Trop sale, trop risqué : Allez au-delà du pétrole).
    "Le gouvernement Charest doit décréter immédiatement un moratoire sur l'exploration et l'exploitation pétrolière et gazière au Québec", a affirmé Virginie Lambert Ferry, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace. "Le Québec ne peut pas se permettre d'accentuer sa dépendance aux énergies fossiles".
    Par cette action, Greenpeace dénonce les incohérences de la politique énergétique du gouvernement Charest. Rappelons que le premier ministre, à la veille de Copenhague, se présentait alors comme "leader" dans la lutte aux changements climatiques. Huit mois plus tard, celui-ci déroule le tapis rouge aux entreprises pour l'exploration et l'exploitation de pétrole et de gaz de schiste au Québec, des énergies polluantes qui accélèrent les changements climatiques et contaminent l'environnement. Rappelons que le Québec ne respectera pas ses engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto.
    "Les énergies sales font des ravages partout à travers le monde, de la marée noire de BP dans le golfe du Mexique, à l'exploration irresponsable de forages en haute mer dans des écosystèmes les plus fragiles comme l'Arctique et peut-être au Québec dans l'estuaire du St-Laurent", a ajouté Julien Vincent, spécialiste en énergies de Greenpeace International qui accordera une conférence le 15 septembre prochain au Congrès mondial de l'énergie sur l'importance de la société civile dans les questions énergétiques. "Le monde a besoin d'une révolution énergétique fondée sur les énergies propres et d'aller au-delà du pétrole, pas de s'engluer dans les énergies du passé".
    Cette action s'inscrit dans le cadre du grand rassemblement citoyen organisé par Greenpeace et appuyé par 27 organisations environnementales et citoyennes dont l'AQLPA, MCN21, Fondation Rivières, l'Union paysanne, Environnement Jeunesse, le conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, le syndicat des travailleurs de la raffinerie Shell, le Mouvement Sortons le Québec du nucléaire et le Regroupement citoyen "Mobilisation gaz de schiste".


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  • Une bonne carte vaut parfois mieux qu’un long exposé. Aussi quoi de mieux, pour illustrer le climat exceptionnel que nous connaissons depuis le début de l’année, que l’examen des planisphères présentant les anomalies de température ?
    Chargé de suivre l’évolution des températures à la surface du globe, l’Institut Goddard des études spatiales (Nasa) publie, chaque mois, les cartes mondiales des anomalies thermiques. Ces fichiers font apparaître en couleurs chaudes les zones où la température mesurée quotidiennement a été plus élevée que la moyenne des températures relevées, pour la même période, entre 1951 et 1980.
    Pour le mois de juin, on note que les régions russes où de très fortes températures ont été mesurées (jusqu’à + 7°C par rapport à la moyenne des 30 années de référence !) sont actuellement la proie des flammes.
    Les grandes chaleurs n'ont, malheureusement pas, débuté avec l'été. Selon les données collectées par l’équipe du professeur James Hansen, le premier semestre 2010 s’annonce comme le plus chaud jamais observé depuis 131 ans. Les régions les plus affectées sont le Canada, le Groenland, le Grand nord russe, l’Afrique saharienne, le Moyen-Orient et la péninsule antarctique.

    Journal de l'environnement, 11 août 2010


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  • Deux récents rapports rendus à quelques jours d'intervalle, réhabilitent le GIEC, fortement malmené par le Climategate. A cette occasion, Naomi Oreskes, professeur d'histoire des sciences à l'Université de San Diego, aux Etats-Unis, et auteur du livre « Marchands de doutes »*, revient sur l'impact de ces rapports sur la diffusion des idées climatosceptiques.
    Début juillet deux rapports relatifs à l’affaire du Climategate, l’un de l’agence néerlandaise d’évaluation de l’environnement et l’autre mené par une commission scientifique indépendante à la demande de l’Université anglaise d’East Anglia ont été publiés (voir documents liés). Le premier estime que le Giec n’a pas commis d’erreurs « majeures » dans son rapport de 2007. Le deuxième minimise la polémique initiée en novembre 2009 par la publication de mails provenant des chercheurs de l’Université d’East Anglia (CRU) et qui tendaient à montrer que les chercheurs avaient manipulé et dissimulé des données pour accréditer la réalité du réchauffement climatique. Selon le rapport britannique dirigé par Sir Muir Russel, les chercheurs du CRU ont certes produit une courbe de variation « trompeuse » destinée à illustrer un rapport de l’organisation météorologique mondiale publiée en 1999 mais celle ne visait pas à « manipuler » les données. « Il n’y a aucune preuve que le comportement des chercheurs du CRU fragilise les conclusions du rapport du GIEC », conclut ainsi le rapport qui estime que la « rigueur et l’honnêteté » des scientifiques « ne peuvent être mises en doute ». Pour autant cela sera-t-il suffisant pour convaincre l’opinion, notamment dans les pays anglo-saxon où la polémique a été extrêmement violente? L’historienne des sciences, Naomi Oreskes et le coauteur du livre « Merchants of doubt »*, Eric Conway, nous expliquent pourquoi cela sera difficile.
    Novethic. Après l’affaire du climategate qui remettait en cause les méthodes des scientifiques du GIEC, deux  rapports viennent de blanchir le panel scientifique. Cela va-t-il mettre un point final à la polémique ?
    Naomi Oreskes. Dans l’immédiat : non, car les « semeurs de doutes » ne sont pas motivés par le souci d’une science de qualité mais par un engagement idéologique à la fois en faveur du libre marché et en hostilité à la règlementation gouvernementale destinée à prévenir les méfaits de l’environnement. Ils vont maintenant prétendre à une dissimulation et trouver de nouveaux moyens de semer le doute. Si l’histoire est un guide, mettons cette affaire au regard d’autres polémiques que nous chroniquons dans le livre et où les méthodes employées ont été similaires : le tabac, les pluies acides, l’appauvrissement de la couche d’ozone. Même si la science l’emporte, ma crainte est double : qu’avant que cela ne soit établi, des dommages irréparables soient causés et qu’il faille attendre qu’une catastrophe arrive avec des dizaines de milliers de morts pour qu’ils perdent toute crédibilité.
    Qui sont-ils finalement les climato-sceptiques aux Etats-Unis ?
    Naomi Oreskes. Nous ne les appelons pas sceptiques car ce terme est en fait inapproprié pour eux. Tous les vrais scientifiques sont sceptiques, dans le sens où un doute sain fait partie de la science au même titre que la curiosité, l’ouverture d’esprit, la démarche explicative et surtout, le respect des preuves. Les « semeurs de doutes » ne sont pas sceptiques. Ils ne basent pas leurs conclusions sur le poids des preuves scientifiques, au contraire. Sur le
    réchauffement climatique, les premiers ont prétendu qu’il n’y avait pas de réchauffement, puis ils ont fait valoir qu’il s’agissait simplement d’une variabilité naturelle due au soleil notamment et maintenant ils font valoir qu’il reste minime et que nous pouvons nous y adapter. Chacune de ces étapes sont contraires aux conclusions de la vaste majorité d’experts scientifiques qui ont produits des éléments de preuves. Certaines personnes les appellent donc plus « contradicteurs » parce que leurs opinions sont toujours contraires à la grande majorité des experts scientifiques.
    Quelles sont leurs méthodes ?
    Naomi Oreskes. Leur tactique est la création d’un village Potemkine autour de la science : un travail qui ressemble à de la science mais qui n’en est pas. Et l’utilisation des médias bien sûr.
    Eric Conway. Par exemple, ils ont créé une organisation appelée le George C.Marshall Institute, à l’origine pour promouvoir l’initiative de défense stratégique du Président Reagan. Mais après la Guerre froide, l’institut à commencé à produire des « livres blancs » mettant en doute la réalité de la dégradation de la couche d’ozone et du réchauffement climatique. Ils étaient faits à la manière scientifique, avec des tableaux, des graphiques, des notes de bas de page, mais sans rigueur, ni respect pour les preuves et souvent sans cohérence avec ce que la science demande. Le premier travail concernant le réchauffement climatique que nous avons trouvé est intitulé : « Réchauffement climatique : qu’est ce que la science nous dit ? » et a été présenté à la Maison blanche sous l’ère du premier Bush en 1989.
    Comment les « marchants de doutes » ont réussi à avoir une telle influence ?
    Naomi Oreskes. Ils sont à la fois très bien financés et bien organisés. Ils travaillent par le biais de think-tanks qui apparaissent à première vue indépendants et objectifs, comme le George Marshall Institute et le Cato Institute, puis ils produisent des rapports qui semblent être de nature scientifique. Le fait que ceux-ci soient cités par la presse ne permet pas au public de comprendre qu’ils ne sont pas des instituts scientifiques mais qu’en fait ils sont financés par des industries règlementées ou qui ont un intérêt à contester les preuves scientifiques, comme l’industrie du charbon. Les « semeurs de doutes » ont aussi exploité le « sens de l’équité » des journalistes en demandant à ce qu’ils aient un espace équivalent pour exposer leurs vues. Et l’ont souvent obtenu.
    Certains médias anglo-saxons ont fait leur mea culpa comme le Sunday Times. Quel a été leur rôle dans cette affaire ?
    Naomi Oreskes. Un rôle honteux. Les médias se sont précipités sur les allégations fondées sur les courriels et qui ont été prises totalement hors contexte. Certains étaient vieux de plusieurs années, voire de plus de dix ans…les médias n’ont pas enquêté sur ce qui se passait réellement. Ils ont juste sautés dans le train de Schadenfreude (ils ont profité du malheur d’autrui, ndlr).

    Novethic 13072010
    *“Merchants of Doubt: How a Handful of Scientists Obscured the Truth on Issues from Tobacco Smoke to Global Warming”, Naomi Oreskes et Erik Conway, mai 2010 (encore non traduit en français).


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  • Au cours de la dernière période glaciaire, qui a eu lieu entre – 120000 ans et – 10000 ans, le climat de la Terre a connu de nombreux (vingt-cinq) et brutaux accès de fièvre. Une hausse des températures qui, comme le montrent les archives climatiques (sédiments sous-marins, carottes de glace, etc.), s’est traduite à chaque fois par une présence accrue de méthane dans l’atmosphère, au point d’amplifier encore davantage le réchauffement de l’époque.
    Aujourd’hui dans la revue Science, une équipe de chercheurs suisses, allemands et danois révèle l’origine de ce gaz, grâce à l’analyse de carottes de glace prélevées au Groenland. Et contrairement à ce qu’on pensait jusqu’ici, ce méthane ne provient pas des fameux hydrates qui piègent des quantités formidables de gaz naturel au fond des océans.

    Micro-organismes en action

    «Le méthane est produit par des micro-organismes qui dégradent la matière organique en l’absence d’oxygène», explique le paléoclimatologue de l’Université de Berne Hubertus Fischer, coauteur de ces travaux. Par chance, les molécules du gaz conservent une mémoire de la manière dont elles ont été produites.
    Ainsi, les molécules qu’on trouve au fond des océans, dans les hydrates de méthane – sorte de glace associant le gaz et de l’eau liquide ou solide –, présentent des caractéristiques différentes de celles qu’on déniche dans les sols humides ou gelés en permanence (appelés pergélisol ou permafrost). «En étudiant la teneur en hydrogène lourd des molécules de méthane, on sait dans quelles conditions celles-ci ont été produites», résume Hubertus Fischer.
    Or déterminer l’origine de ce gaz à effet de serre, qui à volume égal réchauffe vingt fois plus le climat que le gaz carbonique, n’est pas une question anodine. Car l’on peut craindre que le réchauffement climatique contemporain déstabilise des gisements sous-marins d’hydrates de méthane, ce qui amplifierait brutalement la hausse des températures.

    Dégel des sols boréaux
    «Nous montrons que pour deux de ces événements, survenus il y a 33?700 et 41?000 ans, les émissions de méthane proviennent des sols humides et de la fonte des pergélisols et non des hydrates de méthane océaniques, explique Hubertus Fischer. Ces gisements océaniques n’ont pas été déstabilisés au point d’amplifier de manière significative le réchauffement climatique.»
    Une telle conclusion laisse penser que ces hydrates de méthane pourraient résister au réchauffement en cours. Mais ces travaux importants démontrent aussi que le méthane libéré par le dégel des sols observé dans les régions boréales est une réelle menace sur le climat futur de notre planète.
    Denis Delbecq


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  • Dès 1979, le rapport Charney annonçait le réchauffement climatique
    LE MONDE | 28.12.09 | 15h42  •  Mis à jour le 28.12.09 | 15h42
    San Francisco (Californie), envoyé spécial


    n peu de satisfaction, pas mal d'amertume. Avec des sentiments mêlés, plusieurs scientifiques ont célébré, au congrès d'automne de l'American Geophysical Union (AGU), qui s'est tenu en décembre à San Francisco, le trentième anniversaire du rapport Charney. Du nom d'un texte commandé, en 1979, par la Maison Blanche à l'Académie nationale des sciences américaine, afin de dresser une synthèse des connaissances sur l'impact possible des activités humaines sur le climat.

    Satisfaction : "Rien, dans toutes les nouvelles connaissances acquises depuis trente ans, n'est venu contredire les conclusions du rapport Charney", explique Raymond Pierrehumbert, titulaire de la chaire de géo-sciences de l'université de Chicago, qui présidait la session célébrant les trente ans de cet ancêtre des rapports du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC). Amertume, aussi : "Ce qui (était) discuté à Copenhague aurait pu commencer à être discuté il y a trente ans", ajoute-t-il.

    Rapport tombé dans l'oubli

    De fait, ce qu'écrivent les neuf auteurs du rapport, emmenés par Jule Charney (1917-1981), alors professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), pourrait avoir été écrit hier. "Depuis plus d'un siècle, nous savons que des changements de la composition de l'atmosphère peuvent changer sa faculté à absorber l'énergie du Soleil, peut-on lire en préambule. Nous avons la preuve irréfutable que l'atmosphère change et que nous contribuons à ce changement. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone augmentent continûment, ce qui est lié à la combustion des ressources fossiles et à l'utilisation des sols. Puisque le dioxyde de carbone joue un rôle significatif dans l'équilibre thermique de l'atmosphère, il est raisonnable de penser que son augmentation continue affectera le climat."

    La lecture du rapport Charney nous rappelle, a expliqué en substance l'océanographe Carl Wunsch, professeur au MIT, qui en fut l'un des auteurs, que le diagnostic du réchauffement anthropique ne repose pas sur des modèles numériques complexes. Il tient à une physique simple, déjà maîtrisée il y a trente, voire quarante ans. L'estimation de la sensibilité du climat à un doublement du CO2 atmosphérique était grosso modo la même en 1979 qu'aujourd'hui : entre 1,5 °C et 4,5 °C d'augmentation de la température moyenne de la basse atmosphère.

    Mais "le plus important" est, selon Raymond Pierrehumbert, que la science de la fin des années 1970 avait déjà anticipé que les premiers effets du réchauffement mettraient des décennies à être décelables. "Les auteurs écrivaient que, vu l'inertie du système, si on attendait de voir les premiers effets du réchauffement avant d'agir, alors une grande quantité de réchauffement supplémentaire serait inévitable", dit le chercheur.

    Une fois remis, le rapport Charney est tombé dans l'oubli. "Les décideurs politiques ont du mal à tenir compte des prévisions, ils ne réagissent qu'à ce qu'ils voient se produire (...), pas à ce qui est prévu", conclut M. Pierrehumbert. Le rapport commandé par Jimmy Carter aura eu son utilité. Parmi ses auteurs, un certain Bert Bolin (1925-2007) allait cofonder, moins d'une décennie plus tard, le GIEC et en être le premier président.

    Stéphane Foucart
    Article paru dans l'édition du 29.12.09

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