• Cancun accouche d’un accord

    Journal de l'environnement 13 décembre 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg
     
    Le sommet de Cancun s'est finalement achevé sur un succès
    Sans surprise, la conférence des parties à la convention sur les changements climatiques a adopté un texte de consensus. Reprenant les grandes lignes de l’accord de Copenhague, celui-ci fixe aussi des obligations aux pays en développement.
    Contrairement à celui de Copenhague, il y a un an, le sommet climatique de Cancun s’est achevé par une standing ovation. Debout, les délégués des 190 pays représentés ont acclamé samedi 11 décembre Patricia Espinosa, la ministre mexicaine des affaires étrangères et, à ce titre, présidente de la conférence. Car, de la 16e conférence des parties à la convention de l’ONU sur les changements climatiques (COP 16) et 6e conférence des parties au protocole de Kyoto (MOP 6), on retiendra qu’elle s’est terminée sur un… succès.
    Négocié par la diplomate zimbabwéenne Margaret Mukahanana-Sangarwe, le texte de consensus, adopté par la conférence (à l’exception de la Bolivie), promet effectivement quelques avancées.
    Précaution probablement pas inutile en période de crise économique, il est rappelé aux pays les plus industrialisés qu’ils se sont engagés à Copenhague à verser, collectivement, 30 milliards de dollars (22,4 milliards d’euros) aux pays les moins avancés (PMA) d’ici 2012. Baptisés « fast start », ces financements additionnels doivent aider les PMA à réduire leurs émissions et à préparer des stratégies d’adaptation. A partir de 2020, les nations les plus riches devront verser 100 milliards $ (74,67 milliards €) par an pour subvenir aux besoins climatiques des pays en développement.
    L’accord de Cancun donne aussi corps au système Redd + : un mécanisme permettant aux pays forestiers, luttant efficacement contre la déforestation, de générer des crédits d’émission, cessibles sur un marché. La déforestation est réputée être à l’origine de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
    Engendré à Copenhague, le « fonds vert », destiné à recueillir et à administrer les fonds dédiés aux actions climatiques des pays les plus démunis, a vu le jour à Cancun. Ce Green Fund doit, en principe, être doté de 100 milliards $.
    Autre institution nouvelle : le comité de l’adaptation. Il sera en charge de la coordination des politiques nationales d’adaptation aux conséquences des changements climatiques. Il devra notamment aider les pays les plus pauvres à accéder à de nouvelles ressources d’eau douce, à renforcer leur système de santé et leur sécurité alimentaire et à protéger les écosystèmes lacustres et marins.
    A ses côtés, si l’on peut dire, sera constitué un comité exécutif de la technologie, chargé de faciliter les transferts de techniques et de technologies des pays du Nord vers ceux du Sud. « C’est historique, témoigne Christina Figueres, la secrétaire exécutive de la convention sur les changements climatiques, c’est la première fois que les pays s’accordent un tel jeu d’instruments et d’outils qui vont permettre aux pays en développement, notamment, de réduire leurs émissions et de s’adapter aux conséquences du changement climatique. »
    Voilà pour les pays les plus industrialisés. Mais, cette fois, les pays émergents et en développement ne s’en sortent pas « indemnes ». Si le texte reconnaît, comme la convention de l’ONU de 1992 d’ailleurs, la responsabilité historique des nations les plus riches dans la situation climatique actuelle, il n’exonère pas pour autant les pays en développement du moindre effort. Ainsi, comme l’accord de Copenhague le leur demandait déjà, ces derniers devront enfin comptabiliser leurs émissions et rendre leur rapport public. Dans la foulée, ils devront aussi mettre en œuvre des actions nationales « et appropriées » pour abattre, d’ici 2020, leurs émissions par rapport à un scénario « business as usual ».
    Tenu par le secrétariat exécutif de la convention, un registre de ces actions nationales sera ouvert. A charge pour les pays en développement de l’alimenter en informations, s’ils souhaitent, bien sûr, bénéficier des financements multilatéraux. Ces actions devront faire l’objet d’un contrôle international pour vérifier non seulement leur réalité mais aussi leur additionnalité, c’est-à-dire leur caractère bénéfique pour le climat. Des obligations qui n’ont pas l’heur de déplaire aux représentants des grands émergents. S’exprimant au nom des Basic (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine), le ministre indien de l’environnement s’est dit « très heureux de ce texte ». L’irascible Jairam Ramesh retenant surtout de l’accord de Cancun les rappels à l’ordre financier lancés aux nations les plus riches et les facilités faites aux transferts de technologies propres et sobres.



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